La prairie Belair

Publié le par PR

Amorcé dès l’antiquité, l’exode rural s’est fortement accru depuis les années cinquante, provoquant successivement la création des bidonvilles, l’extension des cités de banlieue et l’urbanisation galopante des campagnes proches de grandes métropoles régionales. La montée du chômage y a ajouté la multiplication des sans abris.

L’augmentation de la population, surtout urbaine, impose donc naturellement un accroissement de la densité de nos villes. C’est l’argument massue de nos édiles pour imposer les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) permettant de construire toujours plus haut, toujours plus serré.
De fait il est dramatique de constater que la ceinture verte de maraîchers qui entourait Bordeaux (de Bruges à Bègles en passant par Eysines) a largement fait place au béton et au macadam. La banlieue pavillonnaire s’étend maintenant de Libourne à Arcachon, mêlant villages-dortoirs, centres commerciaux hideux et lambeaux d’exploitations agricoles ou de forêts.

Dans le même temps, le centre historique de Bordeaux s’est aussi peu à peu transformé. De plus en plus de quartiers, autrefois populaires (Saint Pierre, Saint Paul, les Chartrons, …) ont été réhabilités. L’augmentation des prix et des loyers qui en a résulté a fini par bouleverser la sociologie de ces quartiers : disparition des commerces de proximité, multiplication des agences bancaires et d’assurances (qui font ainsi des placements financiers), population de classe aisée (bobos). Les anciens habitants sont chassés vers les cités de banlieue pour les plus démunis, vers les banlieues pavillonnaires lointaines pour la classe moyenne.

Petit à petit se développe un urbanisme en couronnes concentriques : au centre muséification et minéralisation des quartiers historiques peuplés de banques, boutiques de luxe et bobos, puis la couronne des cités populaires, et enfin la campagne urbanisée des pavillons construits par les classes moyennes chassées du centre ville et n’acceptant pas le logement en cage à lapins.
Le centre de Bordeaux se vide de ses habitants : réhabilitons des logements, réquisitionnons les immeubles vides pour en faire des logements sociaux, réinstallons des commerces de proximité.

Alors bien sûr, il y a aussi les banlieues proches, par exemple Talence.
Déjà une des villes les plus denses de la Communauté Urbaine de Bordeaux, elle est sommée de faire un effort : accroître la hauteur des immeubles le long des axes de transport en commun (Gambetta, Libération, Roul, …) et combler les vides (bois Lafitte, bois de Thouars, prairie Belair).
Pourtant, il est important que les populations de ces banlieues, ainsi d’ailleurs que celles du centre ville, n’en soient plus chassées ni par l’augmentation des tarifs, ni par l’augmentation des désagréments. Il est donc de première urgence que les espaces verts publics soient conservés et aménagés plutôt que sacrifiés au béton : pour que la ville reste vivable pour une population de plus en plus nombreuse, les lieux de vie et d’agrément doivent rester en proximité.

Propriété de la ville de Talence, la prairie Belair (9222 m2 soit 0,9 hectare) est restée jusqu’à aujourd’hui à l’abri des promoteurs. Développons sur cet espace public un espace vert de convivialité : jardins partagés, verger ouvert, terrains de sport ouverts, …



Benoit Bergeon

Publié dans A Talence

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